Dans la presse : Non, Bardet n'intégrera pas Etixx !

L’an dernier, en remportant la Classic Drôme à Valence, vous leviez les bras pour la première fois. Quel sentiment vous reste-t-il aujourd’hui ?

« Cette victoire avait lancé un bon cycle pour moi. Lever les bras, c’est une sensation agréable. Et quand on fait le bilan, on se dit que les occasions ne sont pas si fréquentes. Et puis, je suis toujours très content de pouvoir courir pas trop loin de la maison, sur des épreuves que je dispute depuis mes débuts pros. »

Quel sera votre mot d’ordre ce week-end ?

« Le plaisir. Je ne peux plus me cacher et, ici, j’ai toujours bien marché. Ce sont des courses qui me plaisent, tout le monde le sait. Pour moi, ce sont des courses plus dures qu’un “Liège”, car elles sont beaucoup plus difficiles à lire. Et puis je vois des organisateurs plein de bonne volonté, et on a envie d’être à la hauteur de l’événement. »

Vous vivez une progression assez fulgurante depuis vos débuts professionnels. Où en êtes-vous de votre carrière ?

« J’arrive à une période charnière. Je pense que mon apprentissage est terminé et, maintenant, je suis strictement dans une démarche de performance. Ça implique de nouvelles responsabilités mais je prends de l’expérience, je commence à être habitué à un certain programme de courses. Je me connais et ça permet de prendre les choses avec davantage de sérénité. »

Vous êtes très impliqué sur le plan personnel aussi. Est-ce que c’est la quête du détail qui vous anime aujourd’hui ?

« C’est l’une des clés de la réussite. On a quasiment tous les mêmes méthodes d’entraînement. La différence entre les meilleurs se fait sur les gains marginaux comme disent les Anglo-Saxons. À l’échelle d’une saison, encore plus d’une carrière, ces petits détails permettent de faire la différence. Le cyclisme arrive dans une ère où l’on voit une certaine homogénéité entre les niveaux et je m’en réjouis. Les différences se font à coups de seconde, d’où une optimisation accrue qui peut faire pencher la balance du bon côté. »

Quand vous êtes en soufflerie chez McLaren, vous avez la tête au mois de juillet ?

« J’ai fait ce constat sur le Tour de France. Au moment de jouer un top 5 au général, j’étais un peu désemparé. J’avais eu assez peu de préparation en amont et je me suis dit : “il ne faut plus que ça se reproduise”. Je manquais de repères sur ma position, de garanties sur plein de choses. Il fallait que je mette les choses à plat. Maintenant, il n’y a plus de place au hasard. »

Est-ce important pour vous de profiter de la présence de Jean-Christophe Peraud à vos côtés ?

« C’est un confort autant pour lui que pour moi. Mais c’est vrai que je dois m’en servir pour avoir plus de libertés. Quand on est deux à jouer les premiers rôles, ça permet de se décomplexer. »

On a aussi beaucoup fantasmé sur votre duo. Comment décririez-vous vos relations ?

« On s’entend vraiment très bien. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, on partage autant de choses dans la vie que sur le vélo. J’aime le personnage. Il y a une vraie complémentarité en dehors, et on y trouve tous les deux notre intérêt. »

Vous avez été aux premières loges lors du récent Tour d’Andalousie (5e ). Quelles impressions vous ont fait Froome ou Contador ?

« J’ai vu des grands leaders pas loin de leur meilleur niveau. Tant mieux pour le cyclisme. Après, le constat, c’est qu’il n’y a plus de courses de préparation. Dès le mois de février, au fin fond de l’Andalousie, c’est la guerre ! Moi, j’ai pu m’étalonner et voir ce qu’il me manquait. Après, il ne faut pas se dire qu’avec eux, c’est impossible. Et c’est à leur contact qu’on progresse. »

Un dernier mot sur l’affaire Astana. Que vous inspirent les dernières révélations ?

« Je me réjouis plutôt de la notion de responsabilité collective qu’est en train d’instaurer l’UCI. Le dopage est un problème trop important pour qu’on le confine à des cas individuels. En pointant éventuellement le laxisme d’une entité, on peut mettre les investisseurs devant leurs responsabilités. J’ai confiance en l’UCI. »

Entretien réalisé par Philippe COURT
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