Péraud : « Charlelie est ma source de motivation ! »

Jean-Christophe Péraud : « L’oreillette ne change rien à la course »


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Après une course de rentrée en Argentine, au Tour de San Luis, Jean-Christophe Péraud s’alignera jeudi au départ du Tour Meditéranéen. L’occasion d’aller à la rencontre de l’un des coureurs français les plus complets du peloton. Du VTT à sa saison 2013 en passant par la nouvelle génération, le leader d’AG2R se confie en exclusivité pour VoxStadium.

Jeudi, vous serez au départ du Tour Méditerranéen, une épreuve qui vous réussit plutôt bien. Vous visez la gagne ?

Oui, j’aimerais bien . Mais cela dépendra aussi du plateau présent en face. C’est une course que j’apprécie, avec notamment la montée du Mont Faron que j’affectionne tout particulièrement (En 2013, il s’est imposé en solitaire en haut du Mont Faron, remportant sa première victoire sur la route NDLR). L’année dernière, j’ai perdu le général pour moins d’une seconde, c’est la course, il faut l’accepter. J’espère faire de bonnes choses cette année encore.

Vous restez sur une très bonne saison 2013, ternie néanmoins par votre clavicule cassée et votre abandon sur le Tour de France. Vous étiez alors neuvième, c’est rageant non ?

Je ne garde que le positif de ma saison. J’ai été consistant du début de saison jusqu’au Tour, j’ai été présent physiquement lors de tous les moments clés que je m’étais fixé. Une troisième place sur Paris-Nice, ma première victoire en pro sur le Tour Med, un Tour du Pays basque qui aurait pu être plus que réussi sans un problème mécanique qui m’a handicapé. Après il y a ma chute sur le Tour, je pense que j’aurais pu terminer huitième, mais le vélo est un sport avec ses aléas dont la chute fait partie.C’est comme ça. Cela reste quand même une belle année. J’espère faire aussi bien cette saison. Je n’irai pas sur Paris-Nice cette année mais sur Tirenno-Adriatico car le parcours me convient plus.

Avez-vous des amis dans le peloton ?

Des amis c’est un grand mot. Après, c’est plus facile d’avoir des amis au sein de l’équipe car on a plus de moments de vie ensemble. J’apprécie vraiment BlelKadri et Christophe Riblon par exemple. Le lendemain de ma chute sur le Tour, Christophe gagne en haut de l’Alpe d’Huez. C’est un ami, il n’a pas toujours connu des moments faciles sur le vélo mais c’est un travailleur, un courageux, il mérite cette victoire et ça fait vraiment plaisir de le voir gagner. Après, dans le peloton, un peu moins, mais c’est normal je suis relativement nouveau.

Justement, pourquoi avoir décidé de passer du VTT à la route, vous sortiez d’une superbe saison avec notamment une médaille d’argent aux JO de Pékin ? Vous vous attendiez à être aussi performant sur la route ?

Oui c’est vrai. Cela faisait dix ans que j’étais dans le milieu, et  j’ai voulu voir autre chose. Cela n’empêche pas que j’affectionne toujours autant le VTT, mais j’avais fait le tour de la question. J’ai voulu redonner un peu d’élan et d’envie à ma carrière. Après, oui, j’espérais être performant. J’avais d’autres exemples de vététistes comme Evans, Kessiakoff ou Fuglsang qui ont réussi sur la route donc j’avais envie de suivre leurs traces. J’avais eu des bons résultats chez les amateurs sur route, mais c’est mon titre de champion de France du contre la montre (Il a été champion de France de CLM en étant encore amateur, en 2009) qui m’a permis de signer chez Omega Pharma-Lotto.

Pourquoi ne pas avoir choisi une équipe Française ?

Parce que les autres ne voulaient pas de moi ! (rires) Au début, elles ne croyaient pas en moi, au projet. Omega avait déjà eu Cadel Evans comme leader, donc ils savaient ce dont les vététistes étaient capables. Maintenant, être dans une équipe française offre un certain confort au niveau de la langue notamment. Je pense que ma personnalité correspond bien à AG2R, sans strass ni paillettes sans pour autant rester dans l’ombre. Je fais du vélo avant tout pour le plaisir physique et l’intérêt sportif, même s’il faut avoir une certaine visibilité pour les sponsors. L’une des problématiques de notre équipe c’est d’essayer de rester au meilleur niveau et les arrivées de Damien Gaudin et Sébastien Turgot seront importantes pour nous sur les classiques pavées notamment.

Vous avez chez AG2R des jeunes très prometteurs avec Betancur, Vuillermoz et Bardet notamment. Que pensez-vous de cette nouvelle génération ultra-talentueuse ?

C’est bien, je pense que c’est une génération qui a pris en compte les erreurs du passé, et qui est sur le bon chemin. Carlos (Betancur NDLR) a un énorme potentiel. C’est un vrai plus pour nous et il peut apporter énormément à l’équipe. Il peut aller chercher le maillot blanc et des victoires d’étapes sur le Tour cette année. Romain (Bardet NDLR) sort d’une très bonne saison. S’il s’améliore en contre la montre, un Top 10 sur un Grand Tour est largement envisageable à moyen terme. Après d’une manière plus générale, la nouvelle génération fait du bien au vélo. Les jeunes sprinters français sont déjà au niveau international, et puis voir quelqu’un comme Kenny Elissonde s’arracher, donner tout ce qu’il a pour s’imposer en haut de l’Angliru, cela fait plaisir. Au niveau mondial, il y a Sagan qui était déjà un extra-terrestre en junior en VTT. Quintana aussi est très fort.

Abordons le côté un peu plus sombre du cyclisme. Outre l’éternel débat du dopage, celui de l’oreillette revient également souvent. Qu’en pensez-vous ?

L’oreillette est un faux débat ! Cela ne change absolument rien à la course, c’est plus une question de sécurité qu’autre chose. Après c’est sûr que c’est dommage de voir Froome attendre Wiggins la main sur l’oreillette en 2012, mais c’est une stratégie d’équipe et pas de la faute de l’oreillette. Pour ce qui est du dopage, on est surveillés tous les jours avec le logiciel Adams (Les coureurs doivent remplir ce logiciel pour que les agences anti-dopage sachent où se trouvent le coureur afin de procéder à des tests inopinés NDLR). C’est contraignant, mais je pense que c’est une bonne chose pour l’avenir de notre sport. Le cyclisme a connu tellement de moments difficiles que j’essaye de me concentrer sur moi, de ne pas regarder autour, il faut arrêter de se poser la question du dopage de tel ou tel coureur, sinon on n’avance pas.

Que peut-on vous souhaiter pour 2014 ?

Des gagner des courses ! (rires) J’aimerais bien m’approcher du podium du Tour du Pays Basque, mais l’objectif principal reste le Tour de France. Froome sera de nouveau très fort cette année, je pense que seul Nibali peut aller le chercher. Il ne faut pas oublier Contador non-plus. Personnellement un top 5 sur le Tour serait une des plus grosses performances de ma carrière. Après, j’ai 36 ans, je n’ai pas de plan de carrière donc je ne sais pas encore combien de temps je continuerai. J’ai encore un an de disponibilité avec Areva (Il est ingénieur chez Areva à Lyon NDLR), donc on verra…

Propos recueillis à Lyon par Mehdi Elaaboudi

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